La petite histoire de la chanson à textes..."Cançon per curar", par Zine
- Zine - artiste niçoise
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture

Cançon per curar/Redemption Song : quand une chanson devient un souffle de liberté et de guérison
Il est des chansons qui marquent une époque, et d'autres qui traversent les siècles comme des flambeaux.
Redemption Song de Bob Marley appartient à cette seconde catégorie. Écrite à la fin de sa vie, alors que la maladie l’avait déjà rattrapé, cette ballade acoustique est une déclaration de résistance, de foi, et de libération intérieure. À contre-courant des hymnes reggae plus rythmés de l’artiste, elle s’impose par sa sobriété, sa lucidité, et la force de ses mots.
Car dans Redemption Song, il n’est pas seulement question d’histoire, de mémoire ou d’esclavage : il est surtout question de l’émancipation de l’esprit, du refus de la résignation, et du pouvoir de la voix humaine à se lever contre toute forme d’oppression.
C’est une prière laïque, une arme douce, un chant pour panser l’âme.
Et c’est là toute la puissance des œuvres artistiques : nous réparer quand le monde nous blesse, nous offrir un refuge, une force, ou même une renaissance.
Une chanson peut rouvrir une plaie, mais elle peut aussi la refermer, doucement, en nous accompagnant vers une guérison intime. Et c’est ce que des artistes du monde entier, encore aujourd’hui, continuent de faire vivre à travers leurs réinterprétations.
Une relecture occitane par Zine : la chanson de la liberté réincarnée
Parmi les voix qui ont osé réinterpréter "Redemption Song" sans en trahir l’âme, celle de Zine, artiste niçoise et militante culturelle, mérite une mention spéciale.
Sa version en occitan donne une nouvelle résonance au message de Bob Marley, en l’ancrant dans une langue minorisée, elle-même longtemps niée et marginalisée.

Dans cette adaptation, les paroles deviennent celles d’une femme :
"Les vieux pirates, c’est sûr, ils m’ont volée / Ils m’ont vendue à des commerces esclavagistes..."
Les images sont fortes, les mots vibrent dans une langue de résistance, à la fois intime et universelle. Zine y ajoute une profondeur féminine : ce n’est plus un homme qui chante sa survie, mais une femme qui parle depuis ses tripes, depuis une mémoire blessée et fière à la fois.
Mais cette version ne s’arrête pas aux mots. La musique elle-même est novatrice : Zine propose ici une réinterprétation électro et enjouée, inattendue pour un tel morceau, qui parvient pourtant à conserver toute sa gravité poétique tout en s’ouvrant à une énergie nouvelle. Cette audace sonore est portée par une collaboration avec le collectif LAQM – Les Arbres Qui Marchent, dont les arrangements mêlent textures électroniques, pulsations organiques et finesse orchestrale.
Une version qui réveille le message de Marley et le projette dans un autre espace, vibrant et contemporain.
Cette relecture, entre hommage et invention, est un acte de guérison autant qu’un geste artistique. Elle répare une langue, elle libère une voix de femme, elle fait danser un chant de douleur. Zine ne s’approprie pas Redemption Song : elle le transforme en remède vivant, à transmettre.
Une chanson pour se libérer… et se soigner
Redemption Song n’est pas un simple morceau de musique. C’est un miroir tendu à chaque génération, une exhortation à briser ses chaînes — qu’elles soient visibles ou mentales. Marley nous invite à chanter pour garder vivante cette conscience, à transformer la douleur collective en un hymne d’espoir.
Et aujourd’hui encore, grâce à des artistes comme Zine, ce chant de liberté résonne dans d’autres langues, d’autres cultures, d’autres luttes. Il continue à porter ceux qui cherchent leur voix, leur dignité, leur souffle.
C'était la petite histoire de la chanson à textes "Cançon per curar"...
Retrouvez les paroles et les liens pour écouter en cliquant sur l'image :
Comments