La véritable histoire de cette chanson à propos d'un berger que tout le monde prenait pour un fou, dans les Vallées du Piémont italien !
Comment est née l'idée de cette chanson à textes ?
"C'est ma mère qui m'a raconté l'histoire de ce berger, que son père piémontais (celui de la chanson du Marché de la Libération) lui racontait quand elle était petite. C'est l'histoire d'un berger que tout le monde prenait pour un fou, car il passait sa journée à essayer de traire son bouc, comme si un mâle pouvait donner du lait. Il faisait un peu peur à tout le monde..."
Voici le montage qu'elle a elle-même réalisé pour le décrire comme elle l'avait imaginé.
Voici Zine au Village de Dronero où elle va très souvent l'été au mois d'août, depuis sa plus tendre enfance, pour se ressourcer : à gauche sur la place du village, à droite sur le pont médiéval dit "Pont du Diable" du diable de Dronero, "il Ponte del Diavolo" :
Un adaptation d'une comptine traditionnelle en chanson à textes :
Zine a eu l'idée, en gardant la comptine traditionnelle en refrain, d'écrire trois couplets à cette chanson, sur ce fameux berger que tout le monde prenait pour un fou.
Elle s'est inspiré du mythe de Don Quichotte, popularisé par l’œuvre littéraire de Miguel de Cervantes intitulée "L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche" (1605 pour la première partie et 1615 pour la seconde), qui est l’un des récits les plus emblématiques de la littérature mondiale.
Don Quichotte incarne un personnage à la fois comique et tragique, un rêveur obstiné et un idéaliste hors du temps, cherchant à restaurer les valeurs chevaleresques dans un monde qui les a abandonnées et il incarne aussi un idéaliste, quelqu’un qui croit en un monde meilleur, plus juste, et qui refuse d’abandonner ses rêves, même si la réalité le contredit constamment. Jacòl Titèto comme lui voit des choses que les autres ne voient pas.
Mais Jacòl Titèto évoque aussi bien sûr le concept de boucs émissaires qui "détiennent la vérité" :
Certaines figures de boucs émissaires sont perçues comme détenant une vérité que la société refuse de voir. Cette idée suggère que les boucs émissaires ne sont pas simplement des victimes passives, mais peuvent incarner une voix dissonante, une perspective marginale ou une réalité profonde que la société préfère ignorer ou rejeter.
Quelques exemples de cette idée dans la culture et l’histoire :
Socrate, dans la Grèce antique, a été accusé de corrompre la jeunesse et condamné à mort. Il était un philosophe qui encourageait la remise en question des croyances établies et cherchait à éveiller les consciences à la vérité. Son procès peut être vu comme une mise à l’écart d'une voix révélant une vérité inconfortable.
Jésus-Christ est également souvent vu comme un bouc émissaire dans l'histoire chrétienne. Il a été rejeté par les autorités religieuses et politiques de son époque pour avoir proclamé un message révolutionnaire d’amour et de justice, et a été crucifié malgré son innocence. Sa mort, dans la théologie chrétienne, est interprétée comme un sacrifice pour révéler une vérité supérieure.
Les sorcières dans l’Europe médiévale et les persécutions comme celles de Salem. Des femmes (et parfois des hommes) étaient accusées de sorcellerie et brûlées ou pendues, souvent sans preuve. Ces individus, souvent en marge de la société, étaient perçus comme des menaces, mais représentaient parfois des formes de savoir marginalisées (comme des connaissances sur la nature ou la médecine). Leur persécution servait à masquer d'autres tensions sociales ou politiques plus profondes.
Le bouc émissaire dans la société moderne :
Aujourd’hui, le concept de bouc émissaire est toujours pertinent dans des contextes politiques et sociaux. Les minorités ethniques, les migrants, ou même certains intellectuels ou activistes sont parfois désignés comme responsables de crises économiques, sociales ou politiques. Ces groupes, bien que marginalisés, sont parfois porteurs de vérités ou de solutions que la société dominante refuse de considérer.
Un exemple contemporain est celui des lanceurs d’alerte, tels qu'Edward Snowden ou Julian Assange, qui, en révélant des informations sensibles, ont été persécutés par les gouvernements ou les entreprises. Bien qu’ils aient révélé des vérités importantes sur la surveillance et les violations des droits, ils sont devenus des cibles de répression, ce qui les place dans une position de boucs émissaires.
Le bouc émissaire comme miroir :
En fin de compte, les boucs émissaires peuvent servir de miroir à la société. En les blâmant, la société expose ses propres faiblesses, injustices et hypocrisies. Les vérités que détiennent ces boucs émissaires sont souvent dérangeantes parce qu’elles forcent la majorité à affronter des aspects de la réalité qu’elle préfère éviter, qu'il s'agisse de la responsabilité morale, de l'injustice sociale, ou des structures de pouvoir oppressives.
La chanson en apparence innocente invite à réfléchir sur ces sujets.
Et pourquoi avoir tourné le clip de cette chanson en pays berbère ?
Il n'y a pas de lien direct massif entre la langue occitane et les langues berbères, mais les contacts entre les deux cultures ont probablement entraîné des échanges culturels, principalement à travers le commerce, les échanges intellectuels et les migrations occasionnelles. Par exemple, pendant la période d'Al-Andalus, certaines routes commerciales traversaient les Pyrénées et connectaient la France au monde arabo-musulman, y compris aux communautés berbères.
En outre, les régions du sud de la France, comme la Provence, ont connu une influence musulmane en raison des échanges avec les ports méditerranéens, où les peuples berbères étaient impliqués dans les réseaux commerciaux.
Les Occitans et les Berbères partagent certains points communs en termes de revendications identitaires et linguistiques :
Tous deux sont des peuples qui ont lutté pour préserver leur langue et leur culture face à une homogénéisation imposée par les pouvoirs centraux (la France pour les Occitans, les États modernes arabes pour les Berbères).
Les Occitans ont vu leur langue et leur culture marginalisées au profit du français standard à partir du 19e siècle, tandis que les Berbères ont lutté pour la reconnaissance de leur langue (le tamazight) face à l'arabisation des pays d'Afrique du Nord. Dans les deux cas, il existe un sentiment de résistance culturelle et identitaire face à des forces d’uniformisation.
Ces luttes linguistiques et identitaires ont également des échos dans des mouvements contemporains qui cherchent à promouvoir les langues régionales ou minoritaires, tant en Occitanie qu’en Afrique du Nord.
Voici un petit film qui raconte le tournage, à Taghazout au Maroc :
En conclusion :
"Sheperds from all the countries UNITED"
La phrase "Shepherds from all the countries UNITED" se traduit en français par :
"Bergers de tous les pays UNIS".
Cette traduction conserve l'idée originale d'unité et de solidarité entre des bergers, qui symbolisent la protection, le soin et la guidance, venant de toutes les nations.
En vous souhaitant une belle découverte !
Retrouvez une autre chanson où Zine parle d'un berger : "Ditz-lo li" que vous pourrez retrouver en tapant le titre dans le barre de recherche du haut de cette page.
C'était la petite histoire de la chanson à textes "Jacòl Titèto"...
Retrouvez les paroles de cette chanson en gavòt, le clip officiel et les liens pour écouter les différentes versions de Zine en cliquant sur l'image :
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