La petite histoire de la chanson à textes..."Le monde change", par Zine
- Zine - artiste niçoise
- il y a 4 jours
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Dernière mise à jour : il y a 3 jours

« Le Monde change » de Zine : entre ironie, vérité crue et dignité piquée

Zina Zina Zina… Es un’artista !
Dès les premières lignes, Zine donne le ton : Le Monde change n’est pas une chanson consensuelle, mais un slam grinçant, lucide, blessé, fièrement ironique.
Elle y endosse le rôle de celle qu’on raille, qu’on ridiculise, qu’on juge... pour mieux faire parler le mépris que subissent les artistes – et plus encore les femmes artistes engagées.
L’artiste qu’on moque, l’artiste qu’on nie
"Aquèla pi, falhia ben lontemps qu’avii pas audit una cagada pariera !" (Celle-là donc, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas entendu une "cagade" pareille !)
Zine choisit d’incarner la moquerie, de la mettre en scène dans la bouche des autres, comme pour dire :
"regardez ce que l’on entend quand une femme ouvre sa bouche."
Elle s’empare de la parole des détracteurs pour mieux les renvoyer à leur bêtise crasse.
"Elle s’y croit la poupée ? Elle se prend pas pour une merde ?"
Mais justement, est-ce un crime d’avoir de l’ambition, du style, une voix ? Quand on est une femme, visiblement, oui.
« Et pourtant, ça fait longtemps qu’on entend chanter les maçons… »
Cette phrase claque comme une vérité ancestrale et fait référence à la chanson de Nougaro :
"Les gens simples ont toujours chanté, rêvé, raconté. Alors pourquoi, quand une artiste propose autre chose qu’un folklore convenu, la traite-t-on comme une palhassina (femme-clown) ?
Zine se moque elle-même, en chantant :
Zina Zina Zina / Es 'na palhassinaZine Zine Zine / Est une femme-clown
Mais derrière le masque du clown, il y a la lucidité de l’artiste.
Celle qui sait qu’on la méprise parce qu’elle ne se tait pas, parce qu’elle ne rentre pas dans les cases.
Et que dans cette société, plus tu es femme, plus tu es seule quand tu parles fort. Un art qui dérange les puissants
La "palhassina", chez Zine, c’est une figure marginale volontaire, qui refuse les normes, qui choisit le rire comme arme, et le costume comme armure.
Elle porte la voix de celles et ceux qu’on n’entend pas. Elle rit au milieu du mépris, des sarcasmes, des rumeurs. Mais son rire est politique, et son maquillage masque des vérités bien trop crues pour les convenances.
Zine, "palhassina" volontaire
Avec Le Monde change, Zine transforme la moquerie en bannière. Elle se rit des rieurs, se tient droite dans la lumière crue, et assume pleinement son rôle de femme qui dérange.
Et si elle est une "palhassina", alors qu’il en soit ainsi — mais une palhassina qui ouvre les yeux, qui lutte avec des mots, et qui donne le vertige à ceux qui voudraient la faire taire.
Est-ce qu’une chanson peut changer le monde ?
Zine pose la question avec une simplicité désarmante :
Enfin, une chanson, un livre, un film... Est-ce que ça peut changer le monde ?
Et elle répond, avec la foi tranquille de celles qui savent :
Le monde, je sais pas… Mais si une injustice est connue, et donc reconnue, c’est peut-être une forme de réparation. Une forme de justice.
Dans cette phrase initialement prononcée par le réalisateur Ken Loach, tout est dit.
L’artiste n’attend pas de changer le monde, mais de le secouer juste assez pour que certains voient plus clair. Zine sème les graines d’une autre vision, même si le sol est sec.
Le mépris des artistes : une tradition bien ancrée
Si cette chanson parle du changement du monde, elle met surtout en lumière ce qui ne change pas :le mépris des artistes, surtout quand ils viennent d’en bas, surtout quand ce sont des femmes qui dérangent, surtout quand elles osent dire ce qui ne se dit pas.
Et quand ces femmes montent sur scène, écrivent, chantent ou slamment, les moqueries pleuvent.
On les traite de folles, de prétentieuses, de clowns. On les juge sur leur tenue, leur voix, leur vocabulaire.
Mais jamais sur la justesse de leur propos.
Une chanson ? Non. Un miroir
« Le Monde change » n’est pas là pour réconforter. Elle est là pour exposer.
C’est un miroir jeté à la figure des puissants, des petits chefs, des donneurs de leçons.
C’est un hommage discret à toutes celles et ceux qui résistent, debout, avec pour seules armes leur sincérité et leur parole.
C'était la petite histoire de la chanson à textes "Le Monde change"...
Retrouvez les paroles et les liens pour écouter en cliquant sur l'image :
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